En lisant un billet de François Bélisle, cette semaine, j’ai vu que certains me percevaient comme un écrivain « rationnel ».
La première chose qui m’est venue à l’esprit : « Dekessé? Rationnel? » (oui, j’ai souvent des réflexions profondes comme ça)
Le genre de billet que j’écris ici peut donner l’impression que je contrôle mon métier à 100%. Après tout, je martèle souvent des théories sur la rédaction, le marketing du livre, les comportements idéaux et les marches à suivre pour présenter des manuscrits.
Sur le Web, je suis chialeux. Et vous devez aimer ça, j’imagine, parce que vous continuez à me lire.
J’ai toujours pensé qu’un écrivain devait être un artiste lorsqu’il crée son oeuvre, et un travailleur autonome lorsqu’il la met en marché.
Quand l’artiste travaille sur son manuscrit, les ventes, il s’en sacre. Carrément. Ce qu’il veut, c’est matérialiser une idée géniale dans un livre et produire un texte de qualité. C’est aussi satisfaire la petite flamme de créativité qui brule en lui.
Le travailleur autonome s’occupera de la « job sale », c’est-à-dire vendre le produit et s’assurer que les sous rentrent au foyer.
Selon moi, l’écrivain qui sait distinguer ces deux « vies » aura du succès. Se perdre dans une de ces deux facettes en dénigrant l’autre n’apportera rien de bon.
Un artiste qui refuse de vendre son produit se tire une balle dans le pied. Un marketeux qui bâillonne sa voix d’artiste se tire une balle dans la tête.
Je pense que le fait de bien savoir comment vendre son art, c’est une manière de respecter son art.
C’est aussi très rationnel.
Sur ce blogue, donc, je parle beaucoup du côté « mise en vente » du livre, et très peu du côté « artistique » du processus de rédaction. Non pas parce que je ne crois pas en l’Art (avec un grand A), mais plutôt parce que je suis pudique. Je préfère garder mes bobos pour moi-même.
Ou plutôt, mes bobos, vous les trouverez en librairie.
Peut-être qu’on te perçoit comme rationnel justement parce que tu es capable de séparer ces deux facettes du métier. Je vois les choses un peu comme toi et je me suis fait dire par des amis très artistes-avec-un-grand-A que j’étais « horriblement terre à terre ».
Tout ça parce que j’arrive à l’heure aux rendez-vous et que j’établis un budget avant de partir pour un atelier d’écriture ou un congrès…
Idem chez les artistes peintres, idem chez les fermiers. C’est fini le temps où les artistes (de toute discipline finalement) étaient des bohèmes-rêveurs et les agriculteurs, de simples fermiers qui possédaient un vache, un cochon, dix poules. Tous les travailleurs autonomes doivent maintenant être aussi des hommes et des femmes d’affaires. Et plusieurs le sont, d’autres moins.
Mais ça ne sait pas encore. On est à l’ère que tout se sait, mais pas ça.
Des fois, les artistes eux-mêmes ne le savent pas, ne le sentent pas. Merci de nous l’avoir rappelé.
Dans un monde idéal, nous aurions tous des agents qui s’occuperaient du côté « business » nous laissant libre d’écrire en ermites comme bon nous semble.
En attendant, j’adhère complètement aux propos de Dominic! Le dédoublement de personnalité, c’est la meilleures chance de survie d’un écrivain au Québec aujourd’hui.
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