Comme cinquième objet, je vous présente un outil que je traîne depuis très longtemps : ma boudineuse.
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Je dis très longtemps, car à mon souvenir ma mère avait acheté cette boudineuse quelque part entre 2001 et 2002, alors que je travaillais chez Olymel à Vallée-Jonction.
Ma mère, qui était comptable à la quincaillerie du village, m’a dit quelque chose du genre : « Il y a un spécial ces temps-ci au Rona. Tu achètes deux paquets de reliures en carton et tu obtiens la boudineuse gratuitement. »
« Ça doit être l’inverse, que j’ai répondu. Tu achètes la boudineuse et tu obtiens les reliures après, non? »
Apparemment, elle avait bien lu le spécial.
Faque elle l’a achetée et me l’a donnée.
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J’avais une boudineuse. Mais à cette époque-là, j’écrivais pas et je lisais pas. Pis je travaillais dans une usine. C’était utile en tabarnaque.
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Un jour, je me suis enfin décidé à écrire. Quand on travaille quarante heures par semaine en faisant des tâches répétitives, l’imagination a tendance à s’envoler.
J’ai entrepris d’écrire le début d’Alégracia, une histoire que j’avais inventée entre deux désossages. Je me suis arrêté au premier chapitre, n’étant pas trop sûr de ma plume.
J’ai imprimé ce chapitre et je l’ai boudiné, avec l’intention de le faire lire à du monde.
Je l’ai conservé depuis ce temps.
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J’ai presque toujours utilisé cette boudineuse pour relier mes manuscrits. Je dis « presque » parce qu’elle a ses limites :
Évidemment, ces quantités sont négociables. Néanmoins, je pourrais difficilement relier un manuscrit de 200 pages sans risquer de faire exploser le boudin. Et comme la plupart des romans que j’écris dépassent ce nombre, je dois encore visiter le Bureau en gros une fois de temps en temps.
Et à 5 pages maximum par « punchage », ça finit par être long et pas très productif.
Oui, j’ai déjà essayé d’en mettre plus à la fois.
Oui, la machine a ostiné.
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Au début, j’avais la boudineuse et presque pas de boudins. J’en avais seulement des petits, du genre à relier des travaux scolaires de 20 à 40 pages.
J’avais une demi-douzaine de « vrais » boudins d’un demi-pouce de large, capable de relier de petits manuscrits.
L’affaire, c’est que j’osais jamais aller en acheter de nouveaux. Alors quand j’avais épuisé mes « bons » boudins et que je devais préparer un nouveau manuscrit, j’allais ouvrir ma boite de vieux documents et je me transformais en chirurgien spécialisé en dons d’organes.
Plusieurs de mes vieux manuscrits ont ainsi perdu leurs épines dorsales et leurs couvertures plastiques.
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Dépecer mes anciennes oeuvres, ça me fendait le coeur. Alors, je me suis équipé de façon convenable, entre autres grâce à Bureau en gros et à eBay.
J’en manquerai plus jamais.
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Pour les manuscrits que je boudinais à l’époque, je faisais toujours des couvertures bien fancys. Comme si je devais prouver à tout le monde que je savais dessiner.
Oui, j’ai plus tard écrit quelques années plus tard un article qui parle des couvertures des manuscrits et, oui, je dis qu’il ne faut pas y mettre de fioriture inutile. Que voulez-vous… Dans le temps, je me pensais vraiment su’a coche.
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Je me sers de moins en moins de ma boudineuse aujourd’hui, comme la plupart des maisons d’édition avec qui je travaille acceptent mes documents au format électronique. Je ne me plaindrai pas : c’est plus facile et c’est bon pour l’environnement.
Et en plus, je ne vais plus à l’université, donc plus de dissertations à relier.
Je garde quand même la boudineuse pas loin.
Elle est tellement lourde que si jamais un voleur voulait entrer dans mon bureau pendant les heures ouvrables, il aurait peut-être l’honneur de recevoir cette machine en pleine face.
Autres articles dans ce dossier :
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- Les objets de mon bureau #2 : Copy Holder
- Les objets de mon bureau #3 : Laminé de chute d'eau
- Les objets de mon bureau #4 : Chauffe-tasse
- Les objets de mon bureau #5 : Boudineuse
- Les objets de mon bureau #6 : Tablette graphique
- Les objets de mon bureau #7 : Caisse de monnaie
- Les objets de mon bureau #8 : Tasse miniature
Nooooooooooooooon! Pas une boudineuse! Empêchez-la de m’approcher! Elle veut me voler ma vie! Je l’ai servie pendant des années, 5 pages à la fois, à relier des cahiers de preuves pour des juges et pourtant la voilà qui me poursuit encore!!!!
(Ok, fin de l’hystérie. Mais sans blague, je déteste ces machines depuis mon passage dans les bureaux d’avocats. Et dans ces bureaux-là, la partie « boudin » permettrait d’utiliser jusqu’à des boudins de 500 pages, mais la partie « perforeuse » n’acceptait toujours que 5 pages à la fois… parfois 10 pour les modèles vraiment hot. Maudit que y’a des journées qui ont été looooongues!)
500 pages, 5 pages à la fois? Oh! mon Dieu, je te plains. C’est plate et c’est hyper bruyant, en plus. Et j’espère qu’il ne t’es pas arrivé de mettre quelques feuilles à l’envers sans t’en rendre compte, comme ça m’est déjà arrivé une fois!
Évidemment que sur 500 pages il arrivait qu’il y ait quelques feuilles à l’envers. Et vive la photocopieuse pour corriger le tout!!!
Le pire, c’est qu’un cahier de preuves, ça doit être fait en 3 exemplaires : un pour l’avocat, un pour la partie adverse et un pour le juge.
Au pire, la copie destinée à notre avocat était parfois toute croche (pages à l’envers, etc), mais celle pour le juge devait être impeccable.
J’ai acheté une boudineuse y’a 4 ans pour 20$ avec un sac plein de boudins. Je l’adore, elle est plus grosse que la tienne (et prends mauditement de la place) et je serais bien incapable de la swigner pour frapper un voleur, mais je peux mettre jusqu’à 20 pages dedans! na na nère :P
Suzanne : 20 pages! Tu dois pouvoir boudiner des feuilles d’acier avec ça!
euh non… et franchement, ca reste long à faire, mais bon, c’est moins pire que toi :P ca ressemble aux trucs qu’il y avait dans les imprimeries avant, c’est gros pis lourd (en métal pis toute)