Au travail!

Et moi qui pensais prendre deux semaines de vacances.

Si vous étiez au Temps perdu hier entre 16 h et 17 h, vous m’auriez vu en compagnie d’un éditeur. On discutait d’un projet qui pourrait sortir en 2011. Si je réussis à lui remettre mes corrections à temps, ça élèverait mon nombre de publications (romans) pour l’an prochain à… quatre.

Chaque année, je teste les limites de mon corps, on dirait.

De la rationalité et de l’irrationalité de l’écrivain

En lisant un billet de François Bélisle, cette semaine, j’ai vu que certains me percevaient comme un écrivain « rationnel ».

La première chose qui m’est venue à l’esprit : « Dekessé? Rationnel? » (oui, j’ai souvent des réflexions profondes comme ça)

Le genre de billet que j’écris ici peut donner l’impression que je contrôle mon métier à 100%. Après tout, je martèle souvent des théories sur la rédaction, le marketing du livre, les comportements idéaux et les marches à suivre pour présenter des manuscrits.

Sur le Web, je suis chialeux. Et vous devez aimer ça, j’imagine, parce que vous continuez à me lire.

J’ai toujours pensé qu’un écrivain devait être un artiste lorsqu’il crée son oeuvre, et un travailleur autonome lorsqu’il la met en marché.

Quand l’artiste travaille sur son manuscrit, les ventes, il s’en sacre. Carrément. Ce qu’il veut, c’est matérialiser une idée géniale dans un livre et produire un texte de qualité. C’est aussi satisfaire la petite flamme de créativité qui brule en lui.

Le travailleur autonome s’occupera de la « job sale », c’est-à-dire vendre le produit et s’assurer que les sous rentrent au foyer.

Selon moi, l’écrivain qui sait distinguer ces deux « vies » aura du succès. Se perdre dans une de ces deux facettes en dénigrant l’autre n’apportera rien de bon.

Un artiste qui refuse de vendre son produit se tire une balle dans le pied. Un marketeux qui bâillonne sa voix d’artiste se tire une balle dans la tête.

Je pense que le fait de bien savoir comment vendre son art, c’est une manière de respecter son art.

C’est aussi très rationnel.

Sur ce blogue, donc, je parle beaucoup du côté « mise en vente » du livre, et très peu du côté « artistique » du processus de rédaction. Non pas parce que je ne crois pas en l’Art (avec un grand A), mais plutôt parce que je suis pudique. Je préfère garder mes bobos pour moi-même.

Ou plutôt, mes bobos, vous les trouverez en librairie.

L’art de se chercher et de se trouver

La plus jolie fin du monde

Ces temps-ci, je lis de la bande dessinée. Je suis dans un trip Zviane. Hier, j’ai lu La plus jolie fin du monde et aujourd’hui, j’embarque dans le Quart de millimètre.

Je me retrouve beaucoup dans le personnage principal de Zviane, qui est sans cesse déchiré entre la BD et la musique.

(pour ceux qui l’ignorent, ces deux bandes dessinées contiennent des planches qui ont été préalablement publiées sur son site Web, et ça se situe donc quelque part entre l’autobiographie et l’autofiction)

Zviane voudrait composer de la musique, mais aussi se spécialiser en BD. C’est un des gros sujets dans les deux livres. Dans La plus jolie fin du monde, elle réalise qu’elle est meilleure en dessin et se demande de façon très légitime si :

  • c’est mieux de se spécialiser dans ce domaine; ou
  • elle devrait mettre plus d’énergie dans la composition musicale pour que son niveau d’expertise dans les deux milieux se rejoigne.

Je me suis posé une question semblable il y a environ 6 ans.

Un de mes premiers portraits à l'huile

Comme certains le savent, quand j’étais petit, je dessinais. Je peignais, pour être plus précis. Je suivais des cours de dessins, je passais l’été dans un camp dirigé par une aquarelliste, je barbouillais un carnet d’esquisses. J’avais 8 ans et je peignais des portraits hyper réalistes.

J’étais un « p’tit crisse de génie ». (je me permets l’expression, car, aujourd’hui, je n’ai plus grand-chose en commun avec ce garçon-là qui voulait devenir astronaute)

Sauf que je n’écrivais jamais. En fait, c’est faux. J’écrivais des histoires de Donjons & Dragons. C’est un passage obligé pour tous les auteurs de fantasy, on dirait.

Mais, au fond, l’écriture, je m’en foutais.

Moi, en 1999

Jusqu’en première année de cégep, en 1999, j’ai essayé plein de trucs :

  • la sculpture dans le bois (ou le « gossage dans une bûche », comme certains disent);
  • la peinture à l’huile;
  • l’aquarelle;
  • la bande dessinée;
  • le dessin au crayon de plomb, chose que j’aimais le plus; et
  • l’animation 3D.

Je ne me souviens même plus pourquoi j’ai commencé à écrire. Sans blague.

Je dessinais et je trouvais ça frustrant. Parce que la peinture à l’huile, c’était chiant. C’était long à sécher. Pour qu’une couche sèche, ça prenait 2 semaines. Et j’étais trop orgueilleux pour jeter mon matériel et recommencer avec l’acrylique, qui donne beaucoup moins de misère aux artistes.

Un personnage d'une BD qui n'a jamais abouti

Je commençais des bandes dessinées. D’une case à l’autre, mes personnages ne se ressemblaient pas. Et ça m’emmerdait sérieusement de refaire encore et encore les mêmes décors.

Côté habiletés, j’étais pas si pire. En peinture, j’étais capable de reproduire à peu près n’importe quoi avec un niveau de réalisme élevé. Mais je n’avais aucun style. C’était du copier-coller sur la réalité. On a inventé les appareils photo pour ça. Les peintres devaient aller plus loin.

J’étais un peu perdu dans là-dedans.

Écrire, c’était peut-être, pour moi, une sorte de révolte contre les arts visuels.

J’ai donc commencé un premier roman, puis un deuxième, puis un troisième… pour le plaisir.

De 2000 à 2003, je dessinais et j’écrivais. J’investissais le même nombre d’heures dans chacune des disciplines. J’avais éventuellement rédigé l’introduction d’Alégracia et le Serpent d’Argent, et je m’amusais à illustrer les personnages du livre pour mieux les décrire.

Par contre, un jour, j’ai réalisé que je ne deviendrais jamais « expert » dans un domaine si je divisais sans cesse mon temps entre l’écriture et les arts visuels.

Alégracia avait intéressé une maison d’édition qui s’appelait Les Six Brumes. Mon premier accomplissement professionnel a donc été en écriture, même si je pratiquais cette discipline depuis beaucoup moins longtemps que les arts visuels.

Étrange? Peut-être.

Un Kajuvâr

Au fil des années, je mettais de moins en moins de temps dans le dessin. J’entretenais mon site Alégracia.com en y ajoutant, de temps à autre, quelques illustrations de personnages. Mais je le faisais à contrecœur. Ce qui me branchait, c’était l’écriture.

Puis, vint le jour où j’ai complètement lâché le crayon. L’intérêt n’y était plus. Je voulais me spécialiser dans le roman.

Quand on s’engage dans un domaine, il faut y consacrer plus de temps. Et comme une journée ne peut contenir plus de 24 heures, il faut généralement sacrifier quelque chose en retour.

Je ne crois pas qu’on se « trouve », artistiquement parlant, quand on prend la décision de s’engager dans une discipline. Je pense plutôt qu’on se « trouve » quand on lève la hache et qu’on sacrifie tout le reste.

Drastique, vous dites?

Malcolm Gladwell prétend que pour être considéré comme un expert dans un domaine, il faut y consacrer au moins 10 000 heures. En suivant cette théorie, si je mets 5000 heures dans l’écriture et 5000 heures dans le dessin, je ne suis expert dans rien.

Dans la vie, faut faire des choix. Et j’ai choisi les mots.

Toi et moi, it’s complicated est maintenant disponible en Europe

Nos amis Français, Belges et Suisses peuvent désormais se procurer Toi et moi, it’s complicated à leur librairie du coin.

Comme Les 400 coups bénéficient d’un bon réseau de distribution dans l’Europe francophone, les romans qu’ils envoient là-bas ne sont pas uniquement disponibles à la Librairie du Québec à Paris, comme ça a été le cas pour Alégracia. Les livres de cette série se vendaient 15 € en France alors qu’ils coutaient 15 $ chez nous.

L’expression « livre importé » prenait tout son sens.

Pour Toi et moi, it’s complicated, on constate un meilleur équilibre. On le vend 14,95 $ au Québec alors qu’en Europe, son prix est de 10 €.

Maintenant, voyons comment le livre sera accueilli. Ceux qui l’ont lu savent que l’intrigue se déroule dans la Ville de Québec et que le langage est très local, autant dans les dialogues que dans la narration. Les lecteurs français vont-ils rire? Être choqués? Ne rien comprendre?

Ou le roman va-t-il simplement « passer dans l’beurre », comme la plupart des livres québécois qui se rendent là-bas?

Commander Toi et moi, it’s complicated en Europe

Quand l’inspiration passe, il faut en profiter

Si je suis silencieux sur le blogue, c’est parce que j’essaie de maintenir un flot d’écriture assez élevé (plus de 3000 mots / jour). Je n’ai jamais été aussi inspiré de toute ma carrière, alors j’en profite. Vous comprendrez que ça demande un certain niveau de discipline par rapport aux activités chronophages comme Facebook, Twitter… et ce blogue.

Du fait, mon action sur Empire avenue est en chute libre. Mais rassurez-vous; c’est bon signe pour le livre en cours de création.