L’autre jour, alors que j’étais assis sur le balcon de mes parents avec mon portable sur mes genoux, je me suis posé une question importante : « Qu’est-ce qui m’attire vraiment, dans le fait d’écrire? »
C’est important d’y répondre, à celle-là. Il doit bien y avoir une raison qui explique pourquoi j’ai enduré autant d’années de misère.
Car c’est vrai : quand je vais écrire, j’y vais toujours un peu à reculons. Je déteste écrire, la plupart du temps. Ça demande des efforts mentaux, on doit y consacrer plusieurs heures par jour et ça nous oblige à remplacer nos vrais amis par des bonshommes imaginaires.
Je crois que j’écris principalement pour avoir la chance de participer aux activités promotionnelles, comme les salons du livre et les conférences dans la écoles. Bien sûr, il y a aussi la satisfaction de tenir son vrai livre dans ses mains, le jour du lancement. Mais je crois tout de même que cette satisfaction, à elle seule, ne suffirait pas à compenser pour mes heures de fatigue. Parlons franchement : voir son propre livre pour la première fois, c’est jubilant, mais ça demeure un bonheur éphémère qui ne vaut pas trois années de labeur. Ou peut-être que je me trompe?
Et vous, qu’est-ce qui vous motive à continuer dans ce métier?
Qu’est ce qui me motive ? Contrairement à ce que tu affirmes, je n’ai pas l’impression, du moins de mon côté, d’écrire « à reculons ». Certes, il y a un moment plus pénible, légèrement angoissant, entre l’intention d’écrire et le passage à l’acte, mais sitôt l’écriture bien enclenchée, le mouvement devient naturel, et le geste d’écrire des plus agréables. L’écriture m’apparaît pallier, en ce qui me concerne, à un désir de raconter et de se raconter sans cesse des histoires, de tisser, d’explorer des possibilités multiples, loin du morne réel, qui s’avère souvent décevant. Ensuite, lorsque l’histoire est écrite, c’est l’aspect plus « publique » qui s’exprime, plutôt que « l’intime ». Tu sembles plus à l’aise avec cet aspect, qui est certainement des plus gratifiants, quoiqu’il demande une part d’extraversion, un penchant plus « social ». C’est là que personnellement, je me retrouve moins. Ce qui m’amène souvent à penser que j’écris pour pallier à une certaine introversion…
Très intéressant, ce billet :)
Pour ma part, je suis toujours en train de gratter mon horaire pour me trouver du temps pour écrire. Sauf que quand je suis devant mon ordi, je me dis tout le temps : « Calvasse que je ferais autre chose! »
Bref, je suis un gars compliqué.
J’aime écrire. J’adore le feeling de créer.
Ce que je trouve difficile, c’est après. Réécrire.
Comme Mathieu, j’adore partir d’une page blanche et créer. Par contre j’adore tout autant, si ce n’est plus réécrire. Approfondir, jouer avec la langue.
La côté promotionnel me stresse bcp plus mais je crois que rencontrer une seule personne me dire qu’elle a ri, pleuré, ou s’est énervée en lisant mon roman sera ma plus grande satisfaction.
Le processus de la création est pour moi quelque chose de très agréable, tout comme l’inspiration qui vient avant ainsi que la correction et le travail esthétique qui viennent ensuite. À mon avis, écrire est un moyen d’expression qui va de soi, loin d’être une corvée. Ça demande effectivement beaucoup de travail et d’apprentissage, sans compter le temps consacré à la création, mais ce n’est pas comme si on écrivait 24 heures sur 24 à tous les jours ! :)
@Mathieu : Moi, c’est tout le contraire. La révision est une partie de plaisir. Dans mon cas, c’est juste très long puisque j’ai tendance à précipiter mes premiers jets.
@Audrey : Effectivement, les lecteurs sont de très bons remonteurs de moral.
@David : Peut-être justement que mon recul face à l’écriture vient du fait que c’est devenu plus un travail qu’un passe-temps, puisque je consacre maintenant plus de 30 heures/semaines à mes livres. J’en tire une grande satisfaction, il ne faut pas se méprendre là-dessus! Mais on dirait que je trouve ça plus difficile qu’avant.
J’ai lu ton billet et les commentaires. Il me semble qu’il en ressort à la fois une immense joie et en même temps une douleur…que l’on compare parfois à l’enfantement.
J’ai la chance d’écrire depuis 40 ans, et je suis passé par toutes les phases qui sont ici décrites (surtout celles liées à la difficulté d’être publié). Evidemment avec le temps on trouve le style, le genre dans lequel on est le plus à l’aise, mais j’aime vraiment la période que je traverse en ce moment, où je n’attends vraiment rien, ni honneurs, ni reconnaissance, ni même argent. Car je réussis à n’écrire que pour le plaisir d’écrire, comme celui de jouer de la musique…juste pour le plaisir.