Je lisais un commentaire de Kristaline qui se demandait comment on crée de la profondeur à un personnage de fiction.

Cela m’a amené à réfléchir sur ma propre écriture. Du même coup, j’ai eu envie de fournir une réponse… mais ce n’est pas évident.

Chose certaine, je doute qu’il puisse exister un bouquin à ce propos. Si je me trompe, n’hésitez pas à donner vos références dans les commentaires. Je suis curieux de voir de quelle façon on aborde le sujet.

Ma vision – bien personnelle – d’un personnage profond, pour faire un vilain jeu de mot, serait un personnage dans lequel l’auteur a creusé. Il porte un bagage d’éducation, de sentiments, de personnalité. Il est vrai.

Laissez les « homme, 25 ans, 5 pieds 11, yeux bleus, cheveux noirs » pour les réseaux de rencontre. Certes, ces traits physiques, il faut les définir. Mais ça n’amène aucune profondeur.

Comment faire, alors?

Je crois que tout dépend d’une capacité essentielle de l’écrivain : celle de comprendre les gens. À des degrés extrêmes. Ouvrez le journal et lisez un article où l’on décrit un homicide affreux. Seriez-vous capable de vous mettre à la place du tueur et dire : « oui, c’est normal qu’il en soit arrivé là »?

Pas besoin d’être un malade mental pour comprendre l’esprit d’un méchant, par exemple. Je suis certain que J.K. Rowling est saine d’esprit et, pourtant, elle nous offre un Tom Riddle à la fois terrifiant et criant de vérité.

Ne pas juger et comprendre. C’est un bon début. Mais pour en arriver là, il faut d’abord les avoir construits, ces personnages.

Je consacrerai quelques billets à ce propos.

À suivre…

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Dans le personnage
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11 avis sur « Dans le personnage »

  • 18 juillet 2007 à 10:27
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    Il y a forcément « Characters & Viewpoint » de Orson Scott Card qui pourrait être digne d’intérêt. Ne l’ayant pas lu, je ne peux toutefois le recommander, mais j’ai lu son « Comment ecrire fantasy et sc.f » que j’ai aimé. J’ai par contre mieux apprécier le manuel de Elisabeth Vonarburg et j’ai adoré « Écrire pour vivre ».

    J’ai envoyé mon premier manuscrit aux éditeurs cette semaine… Les deux personnages importants de mon roman furent justement développé en fonction de leur point de vues et de leur situation. Pas de bon ni de méchant, ni de héros extraordinaire, mais des personnages ayant une profondeur psychologique. Je crois qu’il est important de définir dans les paragraphe les choix que prennent les protagonistes.

    Si un personnage fait une action importante, qui risque de soulever des « meuh, pkoi y fait ça?!! », élaborez son état d’esprit qui le force à agir ainsi. Je crois que si l’auteur prend le temps d’expliquer sommairement les faits et gestes importants de son personnage clé, le lecteur pourra accrocher et comprendre le pourquoi du comment!

    Il se peut qu’une même scène soit interprété différemment par plusieurs personnages. C’est aussi quelque chose avec quoi on peut jouer. Admettons qu’il y a deux groupes opposés qui se font face… Il se peut même que deux personnages du même clan pensent carrément différemment. Un coup de poing d’un personnage donné à un ennemi peut 1) être percu comme un acte de courage pour un allié, 2) comme une brutalité inutile pour un autre allié, 3) et comme un assault décourageant pour un ennemi, etc.

    Je pense aussi au fait que chaque humain à ses petits bobos, que ce soit juste un mal de tête, une fatigue anémique, un mauvaise digestion ou une maladie (cancer, tumeur, maladie mentale faible ou prononcée…). Ces petits « défauts » rendent les personnages humains. Je ne connais presque personne en haut de 25 ans qui ne se plaint pas d’un petit bobo ;)

    Bon, voilà. Ce sont des petites choses que j’applique personnellement. Encore là, je ne suis pas un écrivain professionnel, juste encore un « wanabee » publié en attente…!

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  • 18 juillet 2007 à 13:31
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    Ne dis pas cela! L’écrivain est écrivain, qu’il soit publié ou non.

    Tu lances une piste intéressante. J’avoue qu’en créant un personnage, on pense rarement aux problèmes de santé qui tendent à se manifester avec l’âge. Et le PDV (point de vue) est tout aussi primordial.

    Je me souviens du très excellent professeur Neil Bissoondath qui avait placé une chaise de couleur sur son bureau et nous avait demandé : « De quelle couleur c’est? ». On avait entendu parmi les élèves : « Bleu », « Turquoise », « Bleu ciel », « Salle de bain des années ’80 » et même « Vert ». La couleur ne change pas mais la personne qui la regarde, oui. C’est épatant.

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  • 18 juillet 2007 à 14:38
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    Je crois également que ce sont les petits riens qui font la différence. Qui font de nos personnages des êtres uniques, des êtres humains.

    Pour ma part, je n’aime pas les prototypes du bien et du mal. Chaque héros, aussi bon est-il, possède nécessairement des défauts, car être irréprochable n’est pas être humain. Les antagonistes, quant à eux, ne sont pas mauvais pour le simple fait d’être mauvais. Chaque personnage que nous créons doit avoir un passé, une vie, des influences extérieures, être « creusé » comme le souligne Dominic.

    Bref, la meilleure façon, selon moi, de créer des personnages, est d’être « sensible » à ce qui nous entoure. Observer ceux que vous côtoyer, analysez les, analysez vous. Décelez les plus infimes traits de caractères, plongez vous dans la peau de gens que vous croisez dans la rue, simplement en observant leurs gestes.

    Et, fondamentalement, DEVENEZ votre personnage lorsque vous écrivez. Considérez que vous n’êtes plus l’auteur (le narrateur) mais simplement votre personnage. Aucun livre ne pourra vous enseigner cela. Je ne sais pas si les autres auteurs seront d’accord avec moi, mais il n’y existe rien comme d’écrire chaque jour pour apprendre à écrire.

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  • 19 juillet 2007 à 10:11
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    J’ai lu « Characters and Viewpoints » de Orson Scott Card dont parle Patrick mais je dois avouer que je ne me rappelle pas beaucoup du contenu, probablement un signe que je n’ai pas eu de moment l’illumination pendant la lecture. Je crois me rappeller que Orson Scott Card passait plus de temps à expliquer les divers points de vue qu’à parler de la construction des personnages. Il faut dire que c’était loin d’être le premier livre sur l’écriture que je lisais alors, souvent, ça revient à remâcher les mêmes concepts encore et encore. Si on n’a pas lu énormément sur le sujet, ça sera peut-être plus intéressant.

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  • 19 juillet 2007 à 11:36
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    Un que je vais ajouter à ma collection (J’ai aussi celui de Noël Audet) est « Écritures » de Stephen King. Plus vous en parlez, plus je crois qu’il pourrait être inspirant. J’avais finit par croire que c’était davantage une autobiographie qu’une aide de rédaction.

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  • 20 juillet 2007 à 0:32
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    Merci de répondre à ma question, Dominic ^^ Mais ce n’est pas évident de plonger dans les pensées d’une autre personne. N’empêche, c’est un très bon conseil de ne pas juger les gens ;)

    Vivement d’autres billets !!! :D

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  • 20 juillet 2007 à 13:43
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    Vous arrives-t-il de vous sentir piégé par un de vos personnages?!

    C’est à dire que votre rédaction doit faire face à un imprévu du synopsis, parce qu’un de vos personnage décide d’agir d’une façon qui lui est propre et que vous n’aviez pas envisager avant de taper la scène…

    Moi, ça arrive de temps en temps! Je dois « composer » avec ça! J’ai eu un mal fou à retenir la verve d’un de mes enquêteurs qui voulait voler la vedette du roman à cause de ses idées si brillantes! Je lui ait montré qui était le chef, et il a finit par suivre mes directives! Hahaha!

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  • 20 juillet 2007 à 13:55
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    C’est le fameux défi d’équilibrer son plan parfaitement avec la façon de développer ses personnages. C’est un peu comme atteindre une cible située à un kilomètre avec une carabine à plomb (bref, quasi-impossible). Pour ma part, je dois constamment ajuster mon plan en cours de route. Sinon, je dois changer la nature même du personnage, ce qui est beaucoup plus difficile selon moi.

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  • 20 juillet 2007 à 15:46
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    D’accord avec Patrice, il faut savoir observer. Je me suis essayé, déjà, à écrire des esquisses sur des gens aperçus à la télé — pas des célébrités, juste des gens ordinaires qui passent aux nouvelles pendant une minute. À partir de presque rien, on peut extrapoler beaucoup. Le résultat ne correspond peut-être pas à la personne observée, mais si ça donne un bon personnage, c’est ce qui compte, non?

    Une technique qui marche bien pour moi, c’est de suivre la logique de la prose. Quand j’ai un personnage en tête, je m’asseois et j’écris des textes brefs pour décrire le personnage dans son quotidien: son allures, ses pensées, ses sentiments. Comme j’écris ces textes hors de toute intrigue, sans intention de publication, c’est plus facile d’écrire n’importe quoi, d’explorer librement le personnage et de voir ensuite si ça marche ou non. Parfois, au détour d’une phrase, on peut avoir de belles surprises.

    Patrick: le livre de Stephen King en vaut la peine. Il y a beaucoup d’autobiographie dedans, mais cette portion du livre est souvent fascinante. Le livre de Vonarburg est bien: j’utilise encore des fiches de personnages inspirées de ses notes sur la caractérisation. Je n’essaie pas de remplir chaque fiche au complet avant de débuter; j’y place mes idées initiales, puis je note ce que je découvre à mesure que j’écris.

    Dominic: c’est un peu ce qui m’arrive aussi. Si on tente de forcer le personnage à suivre l’intrigue planifiée à tout prix, on compromet le réalisme du personnage.

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  • 20 juillet 2007 à 21:13
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    Personnage qui vous échappe? À qui le dites-vous! Moi, c’est l’un de mes personnages secondaires qui m’a fait le coup! Au lieu d’être volubile comme celui de Patrick, le mien a décidé tout bonnement qu’il avait terminé sa mission. (Il prenait sa retraite;-). Rien de moins. Prise au dépourvu, je ne savais plus comment le réintégrer dans l’intrigue afin de l’amener à poursuivre son intervention. Car aucun autre personnage ne pouvait jouer ce rôle. Pour contrer ce petit changement de programme, j’ai envisagé de modifier la fin de mon histoire. Ceci signifiait saboter une conclusion que j’avais prévue depuis longtemps. Que j’aimais… C’était trop me demander. Que faire, alors? J’ai pris du recul et j’ai laissé le temps (ou mon subconscient) se charger de trouver la solution.

    Mon personnage a refait surface… à un endroit que je n’avais pas prévu.

    Pour revenir sur le sujet de ce billet, j’avais envie de vous proposer deux ouvrages qui, je crois, méritent le détour. Il s’agit de Conseils à un jeune romancier et Le Métier de romancier, de Marc Fisher. On y trouve de bons conseils (comme à la pharmacie du coin ;-). L’auteur aborde les différents aspects du roman, notamment le style, le plan, les qualités romanesques et le personnage. Selon Fisher, développer la psychologie du personnage avec ses défauts, ses qualités, ses faiblesses et ses conflits est la clé d’une histoire réussie. L’auteur donne plusieurs pistes à explorer à ce sujet.

    Comment créer de la profondeur à un personnage?

    Pour ma part, je fais des fiches de mes personnages sur lesquelles j’inscris les questions Pourquoi? et Dans quel but? Ceci permet de saisir leurs actions passées et de comprendre leurs réactions futures. Si, par exemple, « Julius » est mauvais, hargneux et rancunier, j’ai besoin de savoir qu’est-ce qui l’a amené à devenir ainsi pour le rendre le plus crédible possible. Je griffonne donc la question dans mon cahier de notes et je laisse aller le crayon. Je m’abandonne aux révélations. C’est comme si j’avais une conversation intime avec le personnage… C’est une étape très prolifique. Que j’adore!

    Patrick : mot de Cambronne pour ton manuscrit.

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  • 23 juillet 2007 à 12:29
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    Merci Anne!

    Et merci aussi pour citer ces deux ouvrages, comme je te l’ai dit sur ton blog. Je vais courir les acheter cette semaine ou je vais les commander. Je rafolle de ces guides d’aide! J’ai justement sauvegarder celui de Dominic qui est sur son site d’Alégracia, une petite perle d’ouvrages méconnus à consulter!

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