C’était en 2008. Je participais au Salon du livre de l’Estrie et je séjournais au (maintenant défunt) motel l’Ermitage. Dans ce temps-là, je n’avais pas d’iPod, d’iPad ni de liseuse, et mon portable, c’était une merde qui prenait 30 minutes à ouvrir Windows Vista. De toute façon, Alégracia et le Dernier Assaut était entre les mains des Six Brumes depuis un certain temps. Je n’avais aucun projet « ouvert ».

Pour me divertir au motel, le soir (parce que je n’étais pas tellement sorteux), je m’étais apporté un cahier Canada vide. Des fois qu’une idée surgisse de nulle part. Ça m’aurait permis de prendre des notes.

J’ignore si j’ai « forcé » la chance en transportant ce cahier, mais des idées, j’en ai eues. Ça a donné ça :

Durant ce seul week-end de salon du livre, j’ai réussi à remplir les 32 pages de ce cahier Canada. Ça a eu un impact fou sur mon écriture : je raconte souvent que je suis parvenu à rédiger Toi et moi, it’s complicated à la vitesse de l’éclair, et c’est en partie parce que j’avais consigné, au préalable, toutes mes idées importantes par écrit.

J’ai tellement aimé l’exercice (et les effets sur mon travail) que j’ai décidé de répéter l’expérience pour tous mes projets littéraires subséquents.

Par rapport aux autres supports (tels ordinateur, calepin, iPad ou smartphone), le cahier Canada a 3 belles vertus qui en font le document idéal pour pratiquer l’idéation pure et brute :

  1. Il a juste la bonne longueur : Si je me donne vraiment le défi de remplir le cahier Canada à 100 %, ses 32 pages me forcent à me casser la tête pour aller gratter des idées pour toutes les facettes de mon univers : les personnages, les lieux, l’intrigue, les enjeux, le passé, etc.
  2. Il a un format idéal : Contrairement au calepin, sa dimension de type « lettre » est beaucoup plus confortable pour les yeux, on ne s’écoeure pas après 2 pages, et ça rend la consultation rapide lorsqu’on doit se relire.
  3. Il offre juste du papier et des lignes : Aucune notification ni connexion Internet pour nous faire perdre du temps précieux.

Et en plus, une fois que le cahier est rempli et que les notes sont recopiées à l’ordinateur, ça fait un maudit bon souvenir.

* * *

Ce mercredi, j’ai visité la Maison de la littérature pour y travailler, question de tester l’ambiance. Ça adonnait bien, car j’avais récemment déballé un nouveau cahier Canada pour entamer l’élaboration du roman Les vieilles rancunes, la suite de La nouvelle hantise.

Dans cette seule séance de travail, j’ai rempli la première moitié de mon cahier (à double interligne, oui, mais d’avoir un saut de ligne s’est avéré vachement utile lorsque je voulais compléter une idée que j’ai eue 5 pages plus tôt).

À la fin de la journée, j’ai eu l’impression que j’étais prêt, que je pouvais commencer la retranscription immédiatement pour faire un plan « officiel », à l’ordinateur. Mais j’ai dû résister à la tentation : C’ÉTAIT UN PIÈGE!

En effet, historiquement, c’est toujours quand j’ai gratté les recoins sombres de mon univers, pour noircir les dernières pages de mon cahier Canada, que j’ai trouvé mes meilleurs fils d’intrigue. Sans exception.

C’est devenu non négociable : le cahier doit être rempli jusqu’au bout.

Je continuerai donc à travailler sur l’idéation des Vieilles rancunes pendant quelques jours encore.

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Les 3 vertus du cahier Canada

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  • Je fais exactement la même chose, mais avec un carnet 4x6. Je peux réellement le trimbaler dans la poche de mon jean (ou de mon manteau) et y noter à tout moment les idées que j'ai pour une histoire en développement (parce que j'explore les recoin de mon histoire en vaquant à mes occupations). Il n'est pas rare que je m'arrête en plein milieu de l'épicerie pour noter quelque chose. C'est donc plus utile pour moi, mais j'appuie tout ce que tu dis :D

  • J'utilise aussi un Moleskine, surtout quand le projet est bien commencé. Essentiel pour attraper les idées qui passent. Le iPod touch peut faire la job aussi.

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