J’ai trop de patentes à regarder sur le Web. Ça me dérange.
Depuis juin 2007 (année d’ouverture du présent blogue), je prêche aux nouveaux auteurs d’utiliser les technologies de l’information pour promouvoir leurs œuvres et leur travail.
Je me souviens même, durant la Fabrique du numérique, avoir fait cette déclaration : « En considérant la production d’œuvres littéraires de valeur égales, l’auteur qui est présent sur le Web va vendre plus de livres qu’un auteur qui n’est pas présent sur le Web. » La directrice de l’Association des librairies indépendantes m’avait alors fait de gros yeux de poisson rouge. Je n’ai pas compris pourquoi. N’est-il pas vrai qu’un auteur qui s’investit en promotion sur Internet va vendre plus?
Eh bien, aujourd’hui, je suis prêt à revenir sur ma déclaration.
J’ai fait un peu d’insomnie hier soir et j’ai réalisé une chose, en évaluant le monde de 2010. Écoutez bien, ça pourrait d’influencer votre travail dans la prochaine décennie :
Le Web est saturé.
Vous voulez que je répète?
LE WEB EST SATURÉ.
Autrefois, même en reculant de 5 ans, un auteur qui s’affichait sur le Web, c’était audacieux et original. Aujourd’hui, c’est devenu carrément le contraire : pour être original, il faut y être absent.
Je dis toujours qu’il faut passer du temps à s’afficher sur Twitter, Facebook, son blogue, etc. Mais voici la dure réalité de 2010, dans mon cas :
Ce ne sont que des exemples.
Mon plan pour les prochains jours : je vais jouer à l’avocat du diable. Je croyais depuis longtemps qu’il était bon d’investir du temps sur le Web. Aujourd’hui, je dis : crissez là votre blogue et Facebook et retournez écrire. Comme j’ai déjà dit un jour dans un salon du livre (et c’est probablement la meilleure chose que j’ai dite de ma vie) : « La meilleure manière de se promouvoir, c’est en écrivant des bons livres ».
Et croyez-moi, c’est vrai.
Investir des shitloads de temps sur le Web est une mauvaise idée. Pensez-y, un peu. Tenez compte que le Web est saturé jusqu’à l’os. Si vous tenez absolument à ne pas écrire, vous pourriez investir ce temps à :
Si vous êtes déterminés à écrire, laissez tomber le Web et écrivez.
Écrivez. Passez plus de temps sur le même travail (qualité) ou enclenchez-en des nouveaux (quantité). C’est en publiant beaucoup de bon stock que les librairies vous aimeront. Les revues aussi. La télé et la radio également.
Cessez de perdre votre temps sur le Web. Ce monde est en train de s’écrouler (pensez à la conclusion de l’Histoire sans fin). Le rêve s’effrite. Il n’y a plus rien à faire ici.
Et pour être cohérent avec mon raisonnement, je vais mettre le Web sur l’autel sacrificiel dans les prochains jours. Oui, je vais revenir sur toutes mes affirmations et jeter aux vidanges un morceau de l’Internet, en vous disant pourquoi c’est devenu de la merde.
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Ouin mais en dehors du côté promotionnel de la chose, avoir un blogue, un twitter et un facebook, c'est le fun? Non? Moi j'ai du plaisir en tout cas!
C'est "un peu" le fun. J'ai découvert par contre que j'avais beaucoup plus de plaisir à faire autre chose (lire un livre, par exemple), et à me concentrer sur cette chose-là. Les réseaux sociaux la dissolvent, ma concentration. Je haïs ça me lever au 10 minutes ou entre chaque épisode de Friends pour voir si quelqu'un a updaté quelque chose alors que, en réalité, rien sur le Web 2.0 n'a assez d'importance pour justifier le fait de me lever aussi souvent. Je préfèrerais investir ce temps dans autre chose. Pas nécessairement de l'écriture. Juste... autre chose.
Et le problème particulier aux auteurs, on dirait, c'est que nos mises à jour ont presque toujours rapport à nos livres. On est devenus un peu prisonniers du canevas de l'autopromotion. Je salue les auteurs qui réussissent à parler d'autres choses sur leur blogue. Ceux-ci, par contre, se font souvent accuser par certains "experts" de diluer leur propos... C'est le côté pervers d'être spécialisé.
Très intéressant billet, et très audacieux!
Par contre, je ne suis pas d'accord!
Juste ce mois-ci, j'ai eut deux opportunités de publications chez des maisons d'éditions autre que la mienne, et les deux sont directement liées à ma participation dans les médias sociaux. (rien de signé, mais de belles occasions)
L'erreur c'est de penser que les médias sociaux amènent des lecteurs. Les médias traditionnels sont bien meilleures à ce jeux! Ils amènent plutôt des contacts d'affaire! (et parfois des amis, mais ça, c'est une autre histoire!)
Évidemment, il faut savoir éteindre son browser pour écrire de temps en temps!
Peut-être y a-t-il trop d'auteurs ? Je plaisante. On peut effectivement saturer. Mais ce n'est pas le Web qui est saturé. C'est nous qui sommes, parfois, saturés du Web et ce n'est pas tout à fait la même chose.
Dominic, si tu ne vois le web que comme un moyen de promotion de tes livres vendus en librairie, alors, oui, il veut mieux passer à la télé. Mais le web sert tout de même à autre chose, ne fut-ce qu'en termes de diffusion. En tant qu'auteur, je fais la promo de mes livres papier mais je publie aussi d'autres choses en ligne : des textes plus courts, des vidéos extraites de spectacles, des poèmes, qui ne correspondent que très mal à la diffusion papier.
Une nouvelle publié dans un recueil collectif chez un bon éditeur, c'est 1500 ex. et, si tout va bien, un millier de lecteurs en deux ou trois ans. Une nouvelle diffusée sur le web trouve 1500 lecteurs en quelques jours à peine.
Si le texte est bon, bien entendu, et s'il "parle" aux lecteurs.
Là, je suis d'accord que pour l'écrire, on peut se déconnecter. Quoique. J'ai fait l'expérience d'écrire en direct sur le web pendant 24h avec les commentaires directs des lecteurs par-dessus mon épaule, c'est un plaisir exceptionnel.
La preuve que ça marche, je viens de trouver un nouvel auteur!
Nicolas Ancion!
Je trouve son idée d'écriture en direct merveilleuse (Il faudrait offrir quelque chose du genre aux salons du livre, sur grand écran et tout), et m'en vais de ce pas lire son blogue!
Je pense que le problème n'est pas la présence ou non sur le web, mais l'éparpillation. Le web ne met pas les gens en face de contenu qu'ils n'auraient pas nécessairement choisi, comme les médias traditionnel : il permet de trouver ce qu'on cherche. Quelqu'un cherche "Dominique Bellavance"? Idéalement, il devrait te trouver à un seul endroit (et pas seulement sur Wikipédia), où il apprendra rapidement tout ce qu'il veut savoir. Selon moi, ça devrait être soit un blogue, soit un site : ça permet une interraction, mais aussi un archivage et une structuration des propos.
Je suis toujours contente d'avoir des nouvelles d'amis/auteurs via leur blogue. Par contre, je ne suis que les blogues. Si vous voulez des nouvelles de moi, idem : suivez mon blogue : ma page facebook est vide et je ne suis pas sur Twitter.
Autre chose : je vais bien plus souvent sur les blogues qui m'offrent un peu de contenu personnel et intéressant entre deux auto-promotions. Si on se contente de l'auto-promo, je crois qu'il faut faire des billets courts. Les billets de "contenu dillués" eux, permettent de se familliariser gratuitement avec la plume d'un auteur. On sait si on aimera ou pas.
Ouin et Ouf...
Je t'avoue qu'avant de me lancer dans ce monde du 2.0, tu m'as servi de modèle. M aussi.
Mais au-delà de la promotion, c'est l'écriture qui m'y a amené. On se sent moins seul. Bien d'accord sur le nombre, sur on s'appelle et on déjeune. Mais là où je suis, j'aime bien mes amitiés virtuelles. Je perdrais des liens précieux.
Je me dis alors que la page de mon blogue est une table de brasserie.
(Désolé pour la faute dans le titre. Ostie que je haïs ça, faire des fautes niaiseuses de même. C'est corrigé.)
Gen : Tu tiens quelque chose. Je pense à peu près comme toi. Si quelqu'un nous cherche, il va nous trouver. C'est plus ou moins utile de s'éparpiller sur cinquante sites. De là mon incompréhension pour les gens qui répètent systématiquement ce qu'ils mettent sur Twitter et FB. Si tu as ton blogue et que tu te concentres uniquement là-dessus, chapeau!
Annie : Oui, le Web permet de trouver des contacts. Dans ton cas, c'est extrêmement pertinent, puisque tu te spécialise dans divers domaines. Mais, dans mon cas (je ne suis qu'un romancier), je considère que mes contacts essentiels dans le monde de l'édition sont faits. Ça m'a demandé des efforts considérables, mais j'en suis à l'étape où pour avancer, je dois écrire et laisser le reste. Mes manuscrits parleront désormais pour moi.
Desirade : Je tiens mon bout en répétant que le Web est saturé. S'il ne l'était pas, nous ne le serions pas. Trop de gens veulent se faire entendre et certains abusent du système. L'autopromotion est omniprésente. Ça m'agresse, d'autant plus que je fais partie du problème. C'est ça qui me choque le plus!