Ça faisait longtemps que je n’avais pas raconté un de mes salons du livre dans les détails. Ça me manquait, alors allons-y. Et en plus, durant la fin de semaine dernière, j’ai eu droit à un 2 pour 1. D’abord, c’était le Salon du livre de l’Estrie du vendredi au samedi, puis dimanche, je signais au Comiccon de Québec.

Par où commencer?

Parlons de mon char, tiens.

Je possède une bonne vieille Honda Civic 2003 rouge bourgogne. On me parle souvent de la fiabilité de ce modèle de voiture, et je crois bien que les rumeurs sont vraies. Je n’ai jamais eu de problèmes mécaniques sérieux depuis que je l’ai. Je crois même que la carrosserie va lâcher avant le moteur. La rouille commence d’ailleurs à grimper autour des roues arrière.

La combattante
La combattante

Pour cette voiture, le Salon du livre de l’Estrie s’avérait une étape importante. C’était durant ce voyage que l’odomètre allait franchir la fatidique limite du 200 000 kilomètres. Mon père me dit sans cesse que ce char-là allait durer jusqu’à 300 000. J’aimerais bien que ce soit le cas, je préfère investir mon argent ailleurs que dans les bolides (contrairement à bien du monde d’où je viens).

Lâche pas, ma vieille...
Lâche pas, ma vieille…

Jour 0 (jeudi)

Étant consciencieux, le jeudi avant le salon du livre, j’avais prévu mettre mes pneus d’hiver et faire mon changement d’huile (avec du recul, vous vous dites sûrement : « Maudit que t’as ben fait! », mais changer ses pneus un 15 octobre, c’est intense, même pour le Québec… je me disais que je capotais un peu avec ça).

Dans ma tête, mon plan de la fin de semaine était le suivant :

  • Jeudi soir : Départ de la Beauce (lieu où est situé mon garage) et retour à Québec. Faire mes lunchs pour 5 repas avant de me coucher. Faire mes valises.
  • Vendredi matin : Départ pour Sherbrooke à 9h, pour le salon du livre.
  • Samedi : Signatures.
  • Dimanche très tôt le matin : Retour à Québec et participation au Comiccon (il fallait que je sois là à 10h am).

Je savais déjà que ce serait pas reposant.

Ça l’a pas été.

* * *

Un de mes objectifs pour les salons du livre en général, et surtout celui-là, est de réduire mes dépenses au maximum. Parce que (surprise), mes salons du livre ne sont pas payés, toutes mes dépenses proviennent de mes poches, ce qui fait en sorte que ces activités sont toujours déficitaires. Là où j’ai de la liberté, c’est entre décider s’ils sont un peu déficitaires, ou s’ils le sont énormément.

Pour réduire mes dépenses, j’ai choisi de couper le restaurant presque à 100 %. Donc, je me fais des lunchs.

Jeudi soir, je suis arrivé en catastrophe à la maison. J’avais environ 3 heures pour remplir un glacière de bouffe. Le problème : on avait pas fait l’épicerie récemment, et donc le frigo était pas mal vide. Il restait des oeufs, du pain, quelques condiments… Bref, pas super.

J’ai pris la douzaine d’oeufs et je les ai fait cuire pour faire du « stuff » à sandwich. Des oeufs, c’était protéine? Ça sustentait? Ça allait me permettre de survivre. C’était ça le but.

Choses que j’ai mises dans ma glacière :

  • Salade aux oeufs pour les sandwiches
  • Un sac de pain gelé
  • Un pot de beurre de pinottes
  • Une bouteille gelée (pour garder le reste froid)
  • Des V8
  • Une canne de jus de tomate (notons que j’ai oublié l’ouvre-boîte)
  • 6 yogourts
  • 3 pommes
  • Un bagel au Philadelphia et jambon, préparé à l’avance
  • Ma bouilloire (je suis addict au café, je devais donc absolument être en mesure de m’en faire)
  • Du café instantané
  • Un pot de sucre
  • Du Coffee-Mate

Je rappelle : il fallait que je fasse 5 repas avec ça. PAS DE RESTO!

Après en avoir fini avec la bouffe, je suis allé me coucher sans me raser la barbe (j’avais une barbe de 3 jours, et après cette longueur, ça me pique habituellement sans bon sens). Je savais que je n’aurais pas le temps de la couper le lendemain, mais coudonc? Une barbe pas faite, ça me donnerait un air mystérieux.

C’était ce qu’on attendait des auteurs, pas vrai?

Jour 1 (vendredi)

Peu après être parti à 9h, je me suis arrêté au McDonald’s.

ATTENDEZ! Ça comptait pas. C’était juste pour m’acheter un café pour être certain de pas m’endormir au volant.

J’avais juste oublié un petit détail : on était un jour de semaine, et beaucoup de gens voulaient déjeuner au Halles de Sainte-Foy. J’ai dû attendre une bonne demi-heure en file d’attente au service à l’auto, juste pour avoir ma dose. J’aurais mieux fait de me stationner et d’entrer à pied.

* * *

La route s’est bien passée. Belle température, pas beaucoup de trafic.

Je suis arrivé vers 11h au Salon du livre de l’Estrie. J’y ai rencontré Raphaëlle B. Adam, qui s’occupait du stand des Six Brumes. Je lui avais parlé quelques minutes au lancement d’Alégracia, la semaine précédente, mais dans un bar, j’ai toujours un peu de difficulté à tenir une conversation. J’ai donc pu me reprendre à ce moment.

Je n’étais pas officiellement en signatures, mais tant qu’à être là…

À midi, il fallait que je dîne. J’ai gardé en tête ma consigne principale. PAS DE RESTO!

Je me suis retranché dans mon auto et j’ai savouré mon premier repas : le bagel. C’était le gros luxe, j’espère que personne m’a vu.

Regardez pas le désordre, OK?
Regardez pas le désordre, OK?

Bien sûr, j’aurais pu rentrer avec mon lunch et mangé au café spécialement aménagé pour les auteurs, mais comme toutes les fois, J’AI OUBLIÉ QU’IL EXISTAIT, ce café.

Mioum.

Au moins, ma glacière a gardé toutes mes choses au froid. Mes oeufs semblaient encore comestibles.

* * *

Je suis ensuite retourné au salon pour des signatures jusqu’à 16h. Beaucoup de gens sont passés, des deux côtés de la table de vente. Je souligne de la passage d’Ann Sophie et de Christine, fidèles au poste, qui sont venues chercher des copies d’Alégracia : l’intégrale. C’est toujours un plaisir de vous voir quand je passe dans le coin!

Du côté des auteurs et des éditeurs, j’ai pu jaser avec Guillaume Houle, Carl Rocheleau, Kevin Girard, Pierre-Luc Lafrance, Isabelle Morneau et Guy Bergeron, pour ne nommer que ceux-là. Aucune niaiserie n’a été dite en coulisses. On a parlé seulement de choses sérieuses. Vous nous connaissez.

* * *

À 16h, c’était le temps d’aller faire mon check-in au motel. Je ne nommerai pas ce motel. Ce n’est pas parce que j’ai eu un service particulièrement mauvais, mais… vous comprendrez plus tard.

Je suis arrivé là-bas, j’ai payé mon séjour à l’avance (à 55 $ par nuit, on réduit les déficits), puis je me suis rendu à ma chambre.

Belles couleurs.
Belles couleurs.

J’y ai vidé ma glacière et placé mes denrées dans le minuscule frigo. Il fallait que je soupe assez rapidement : je signais pas longtemps après. J’ai examiné donc ce que j’avais apporté et j’ai fait une constatation un peu troublante : je ne pourrais me faire RIEN D’AUTRE que des sandwiches aux oeufs. Pourtant, je le savais quand j’avais rempli ma glacière, mais vu que c’était un problème pour « futur moi », c’était pas TOTALEMENT concret.

Et là, « futur moi » était en tabarnaque.

J’haïssais pas ça, les sandwichs aux oeufs, mais manger ça pendant 4 repas? Vraiment???

La première était pas pire, au moins.

Le LUXE.
Le LUXE.

Comme j’étais un peu « décrissé » d’avoir fait beaucoup de voiture et d’avoir sauté ma sieste (j’en fais souvent), j’ai cru bon me faire un café avec mon matériel.

Le lavabo du motel m’a donné du fil à retordre.

Comment ça, ça rentre pas?
Comment ça, ça rentre pas?

Sans blague, j’ai dû essayer de mettre de l’eau dedans pendant au moins 5 minutes. Si je la penchais trop, je renversais tout ce que j’avais réussi à verser dedans. C’est BEAUCOUP PLUS TARD j’ai eu la brillante idée de remplir la bouilloire avec un verre d’eau. Bravo.

J’ai fait bouillir l’eau, j’ai pris mon pot de café instantané, puis j’ai crié : « FUCK! »

J’avais oublié d’apporter une tasse.

* * *

Quand l’eau était enfin chaude, j’ai préparé mon café dans un des verres du motel.

Sans blague, c’est vraiment dégueulasse.

Le café était bon, mais j’avais l’impression de boire de l’eau de vaisselle.

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Avouez.

En plus, le verre était ultra chaud. PAS LA PLUS BELLE EXPÉRIENCE À VIE.

* * *

Je suis retourné au salon pour mes dernières signatures. Cette journée était sensationnelle. Je m’ennuyais vraiment de faire des salons au kiosque des Six Brumes, l’ambiance était au rendez-vous et les lecteurs adoraient ça. Alégracia a trouvé beaucoup de nouveaux lecteurs et a même séduit des gens qui avaient lu le premier tome à l’époque de la première publication. Ça motive!

On est restés en poste jusqu’à la fermeture. On n’a dit aucune niaiserie.

* * *

Quand je suis revenu à mon motel, j’ai remarqué (et j’ignore pourquoi je l’ai manqué à mon premier passage) qu’il y avait une machine à café à l’entrée. Brisée, OK, mais il y avait quand même des verres en styromousse à côté. J’en ai pris quelques-uns.

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J’aurais aussi aimé remarquer qu’il y avait un grille-pain…

Pour compenser, le propriétaire du motel avait fourni une bouilloire. J’avais donc apporté la mienne pour rien.

Nuit 1 (de vendredi à samedi)

J’ai pas dormi. Matelas trop dur, oreiller trop mince.

Et, environ à 1h du matin, j’ai commencé à me gratter. D’abord la face, puis les jambes, puis le dos, puis encore la face.

Puis ça grattait de plus en plus.

Je me suis levé en sursaut. « Câlisse! Des punaises de lit! »

Jour 2 (samedi)

Je me suis levé vraiment « décrissé d’la vie ». Ça me grattait moins, mais je freakais. Est-ce que c’était vraiment des punaises de lit qui avaient causé mes démangeaisons, ou bien les employés avaient juste lavé les draps avec un détergent qui provoquait des réactions allergiques?

Ce qui était sûr : j’étais très, très fatigué.

Ne pas être à son 100 %.
Ne pas être à son 110 %.

J’ai quand même été signer au salon (évidemment). Je me suis joint à Isabelle Lauzon, au kiosque des Six Brumes. Parle-parle-jase-jase, puis je lui ai mentionné mon hypothétique problème de punaises de lit au motel. Elle m’a raconté qu’elle connaissait des gens qui en avaient rapporté chez eux (c’était désastreux), et m’a montré comment détecter s’il y en avait dans mon lit (il fallait regarder les coutures sur le matelas et voir s’il y avait des résidus rouges autour des fils). Je me suis promis que je ferais les vérifications nécessaires à mon retour.

Pierre-Luc Lafrance est venu nous rejoindre plus tard.

J’avais appris, la veille, que Pierre-Luc dormait au même motel que moi (dans la chambre juste à côté de la mienne, en fait). Sans vouloir le faire paniquer, je lui ai parlé des punaises.

« Continue… », qu’il m’a dit lorsque j’ai abordé le sujet.

Je lui ai raconté que ça m’a piqué durant la nuit, et je lui ai demandé si c’était pareil pour lui.

« J’ai pas pris de chances, qu’il m’a répondu. Moi, je suis parti à minuit. J’avais des plaques rouges partout sur les bras. J’ai passé la nuit à l’hôpital. T’es resté dans ta chambre, toi? »

Dans ma tête : « FUUUUUUUUUCK! » Je me voyais déjà ramener une colonie de bibittes chez nous et brûler mon matelas pour éliminer les envahisseurs.

Cinq secondes plus tard, il a explosé de rire.

Et moi, je lui ai répondu : « Mon esti, toé! »

Bref, j’ai repensé à mon affaire, et je crois avoir compris ce qui s’était passé durant la nuit. Vu que j’avais décidé de garder ma barbe, j’avais d’importantes démangeaisons sur les joues à cause de ça, et dans un délire de demi-sommeil, je me suis immédiatement imaginé être envahi de bibittes.

Aujourd’hui, je peux vous le dire : il n’y avait pas de punaises. Et si je n’ai pas nommé le motel dans ce billet, c’est pour éviter qu’une recherche sur Google associe l’établissement aux termes « punaises de lit ». Ça n’aurait pas été très gentil de ma part.

* * *

J’ai dîné à ma chambre (avec une sandwich aux oeufs), j’ai signé, puis j’ai jasé à mon kiosque. Un peu trop. Tellement que j’ai oublié de rentrer pour souper.

Ça me dérangeait pas tant que ça. J’étais vraiment tanné de mes sandwiches, alors avec le 45 minutes qui était à ma disposition, je suis monté au café des écrivains pour voir s’il restait de la nourriture.

Il ne restait pas grand-chose, mais j’ai pu me faire une assiette.

#epicurien
#epicurien

Ça a fait la job, comme on dit.

* * *

Quand ma dernière journée au salon s’est terminée, il était temps de rentrer au motel pour en dernier dodo là-bas.

Il avait neigé pas mal. Mes pneus d’hiver, j’étais content de les avoir.

Auto couverte de givre.
Auto couverte de givre.

Pierre-Luc voulait revenir à Québec le soir même (il participait aussi au Comiccon  de Québec). Pour ma part, j’étais juste trop fatigué pour faire de l’autoroute en pleine nuit. Alors j’ai regagné ma chambre, et je me suis couché…

Nuit 2 (de samedi à dimanche)

… et j’ai pas dormi.

J’ai même essayé de faire jouer du Coldplay en boucle (habituellement l’effet de somnolence est instantané). Ça n’a pas marché.

Jour 3 (dimanche)

Ma montre a sonné à 5h30 du matin.

Douche rapide. J’ai rapaillé mes affaires, puis je suis parti.

Il faisait vraiment froid.

En chemin, je me suis arrêté quelque part pour mettre de l’essence. Je vous laisse deviner où c’était, grâce à cette image :

Il manquait juste les bigfoots.
Il manquait juste les bigfoots.

OUI, j’ai déjeuné au McDonald’s. Mais comme j’étais entre deux évènements, j’ai considéré que je n’étais pas « en service ». Ça comptait pas.

* * *

À ma maison, à Québec, j’ai déposé mes boîtes du Salon du livre de l’Estrie, j’ai ramassé celle que j’avais préparée pour le Comiccon, puis je suis reparti. J’ai juste eu le temps de donner un bisou à ma femme et à ma fille.

Par miracle, je suis arrivé à l’heure au centre des congrès.

Je me suis installé, après quoi Frédéric Raymond et Jonathan Reynolds sont venus me rejoindre à la table, puis ce fut le tour de Pierre-Luc. LUI, il avait bien dormi.

J’étais fatigué, mortellement fatigué. Mais ça ne m’a pas empêché de rencontrer mes lecteurs et de participer à des discussions sérieuses sur le rôle social des entraîneurs de crocodiles-acteurs.

Aucune niaiserie n’a été dite. Aucune. AUCUNE!

Viscères et brumes.
Viscères et brumes.

Je vous laisse là-dessus, il ne faudrait pas que j’y passe la journée. Mais bref, ce fut une fin de semaine riche en rires et en émotions (mais, heureusement, pas en punaises de lit). Ça m’a fait du bien de revoir la gang, on s’était un peu perdus de vue depuis les dernières années.

On remet ça à la prochaine fois!

Salon du livre de l’Estrie et Comiccon de Québec : aucune niaiserie n’a été dite

3 avis sur « Salon du livre de l’Estrie et Comiccon de Québec : aucune niaiserie n’a été dite »

  • 19 octobre 2015 à 19:42
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    Lolol! Morale de cette histoire : rase-toi, pouilleux! :p

    Pour le reste, j’ai tellement vécu de salons où, comme toi, j’essayais de réduire les coûts!!! Cela dit, au dernier salon du Saguenay, je me suis dit « d’la marde » : j’ai mangé au resto pendant 2 jours et j’ai couché au Delta (ah, la joie d’être à 5 minutes de sa table de signature). Bon, j’ai fait un trou dans mon budget, mais maudit que c’était reposant! J’pense qu’on devrait toujours se payer un salon « de luxe » par année.

    Et peu importe l’hôtel, je vérifie toujours les coutures du matelas avant de me coucher (que dis-je : avant même de déposer mes valises!)

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  • 20 octobre 2015 à 8:44
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    Le Saguenay, ça ressemble pas mal à ça pour nous aussi. On considère ça comme des petites vacances en amoureux, donc ça aide à faire passer la pilule.

    Et oui, examiner les coutures des matelas sera désormais la première étape à tout séjour dans un hôtel/motel!

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  • Ping :Je serai au Salon du livre de l'Estrie à partir de demain - Dominic Bellavance, écrivain

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