Depuis quelques semaines, je reçois chaque jour le journal Le Soleil à la maison. Un journal papier, une technologie décriée par plusieurs comme désuète parce que n’ayant aucune fonction de partage social et, pire que tout, est figé et ne peut être mis à jour en temps réel.
Le matin, en prenant mes toast, je lis les nouvelles. Ah. Toutes des choses que j’ai lues hier sur les réseaux sociaux, ou à peu près.
Je me suis souvent demandé si cet abonnement était utile.
Puis je vais travailler devant mon ordinateur, travail que j’interromps incessamment pour aller voir ce qu’on dit sur Internet.
Les réseaux sociaux me dérangent, j’en ai déjà parlé sur ce blogue, j’ai consacré un livre sur le sujet et j’en écris un autre qui fera, pour moi, le tour de la question.
Les nouvelles, j’aime ça. Je veux savoir ce qui se passe ici et dans le monde, et le journal comble en partie ce besoin.
Qu’est-ce que Twitter et Facebook m’apportent de plus? Les mêmes nouvelles, un peu plus tôt. Assorties avec des opinions succinctes.
Plus le temps passe et plus je me rends compte qu’au fond, ce n’est pas grave si je reçois les nouvelles une journée en retard. Peut-être que c’est mieux. Les journalistes qui écrivent leurs articles auront bénéficié de quelques heures supplémentaires pour corriger et bonifier leurs articles avant qu’ils ne m’atteignent. Et c’est tant mieux. Le journal, avec son nombre limité de pages, fait un tri : le plus important restera, le reste sera élagué.
En ce qui concerne les opinions sur les réseaux sociaux, ça déferle, les débats pullulent, ça dégage quand même un certain intérêt. Mais j’ai vraiment l’impression que de lire tout le monde ne m’apporte, au fond, pas grand-chose. Partout, les gens ont des opinions, et il y en aura toujours qui diront « Noir », d’autres « Blanc » et d’autres « Gris ». Pourquoi aller sur les réseaux sociaux pour ça, là où la longueur des commentaires condamne tout à la superficialité? Ces opinions, je n’ai qu’à me les imaginer, assis dans mon fauteuil, et le travail sera fait, et ce sera une belle expérience d’introspection.
Dans les faits, mes opinions qui sont formées avec ce que je lis sur les réseaux sociaux sont instantanément démolies dès que je parle du même sujet avec quelqu’un d’autre, d’homme à homme. Comme si ce qu’on disait que le Web ne faisait qu’effleurer mon cerveau avant de repartir sans n’y laisser aucune trace, à part, peut-être, une griffure. Conséquence immédiate de la lecture sur le Web, scientifiquement prouvée comme étant peu efficace*. Pour les vraies questions, je préfère en discuter de vive voix.
C’est en partie pourquoi je fais le grand saut. Après 6 ans d’utilisation de Twitter et Facebook, je mets la clé dans la porte.
Ainsi, si vous ne me voyez plus dans votre liste d’amis, ce n’est pas parce que je ne vous aime plus, mais parce que j’ai quitté le bateau pour remettre les pieds sur la terre ferme. J’en ai besoin.
Vous ne pourrez donc plus me joindre par le biais de ces services. Pour m’écrire, continuez d’utiliser le bon vieux courriel ou, si vous ne l’avez pas, utilisez le formulaire de contact du présent site. Ou bien appelez-moi, t’sais.
En ce qui concerne mon travail d’écrivain, si on dit que Facebook et Twitter sont des incontournables pour promouvoir les livres, sachez que j’ai de grandes jambes et que j’en contourne, des affaires.
Alors, on se dit : « À la prochaine! »
P.-S. Je resterai évidemment sur Goodreads.
P.-S. 2 Peut-être que j’écrirai un nouveau billet dans un mois pour voir si ça change vraiment quelque chose, d’avoir quitté Facebook et Twitter.
* Pour en lire davantage sur le sujet, je vous conseille The Shallows: What the Internet is Doing to Our Brains de Nicholas Carr, lecture éclairante qui a confirmé plusieurs doutes que j’avais quant au Web et à son emprise sur notre vie.
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Lolol! Bonne décision je pense. J'ai constaté depuis un bout de temps que Facebook me bouffait énormément de temps (et Twitter, j'en parlerai même pas). Pour ce qui est de la promo, c'était sans doute des outils incontournables quand tout le monde ne les utilisait pas, mais maintenant c'est l'équivalent de chuchoter au beau milieu d'une séance de hurlements. Je maintiens le blogue parce que c'est ce qui se rapproche le plus de la véritable discussion.
Et je vais avoir hâte de lire ce que tu auras à dire, dans un mois, de ta "déconnection". ;)
Bon point, Gen. Je garderai aussi le blogue, ne serait-ce que pour montrer que j'existe encore.
Salut Dominic,
je dois te dire, t'as du courage. En fait, je me demande si c'est du courage, ou juste que t'es assez intelligent. ;)
Je pense avoir le même problème que toi. Je suis fou d'actualité, mais cette obsession de savoir ce que tout le monde dit est en train de me ronger. Le monde va trop vite, on le déplore tous, mais, avec FB et Twitter, on encourage toute cette absence de recul sur les événements. Beau paradoxe.
Je ne sais pas encore si je vais t'imiter. Mais en tout cas, c'est sûr que je salue ton décrochage.
Ciao
Ce n'est ni du courage ni de l'intelligence, peut-être juste une forme d'entêtement, ou une simple expérience que je voulais mener depuis longtemps.
Je ne suis pas d'accord, Gen. C'est comme pour la lecture électronique : tant que c'est marginal, l'avantage d'en être le sera également. Plus de monde il y a, plus de monde on peut toucher, même en restant à une proportion faible de gens touchés / gens présents. C'est vrai que si on est 4 sur un réseau, il y a des chances de se faire entendre de 100 % du réseau, mais au final ce n'est pas grand chose... Bref, même combat que pour les droits d'auteur : avoir une grosse part, c'est cool, mais encore faut-il que le gâteau où l'on coupe la part en vaille la peine ! Il y a des gâteaux entiers qui sont plus petits que des seizièmes d'autres gâteaux...
En tout cas, c'est vrai que moi, je n'ai jamais lu le journal de ma vie, alors depuis que je suis sur les réseaux sociaux, ça me change, j'ai l'impression d'être vaguement au courant par rapport à pas du tout. LOL
J'ai écrit un billet une fois qui s'appelait "Le matin, en prenant mon café, je lis ma liste de blogs". Sur Twitter et Facebook, j'y discute pas vraiment, mais j'y trouve sacrément plein de liens vers plein d'articles de journaux (en ligne). Quand on discute, ce qui est rare, c'est en général parce que l'autre personne est en Europe, en Asie ou en Afrique et que, bon, ça coûte cher l'avion de même juste pour se parler "d'homme à homme".